Mon port de Beyrouth
Avec Lamia Ziadé et Ysaline Parisis
◇ 6 décembre 2021
Dans le cadre de l’exposition consacrée au Liban, la Fondation Boghossian et les Midis de la Poésie invitent Lamia Ziadé à évoquer son livre Mon port de Beyrouth lors d’une soirée littéraire animée par la journaliste Ysaline Parisis. L’artiste et écrivaine libanaise commentera l’ouvrage singulier qui raconte les explosions qui ont eu lieu le 4 août 2020 à Beyrouth, sa ville natale. Le livre noue ses textes et peintures dont une sélection sont présentées dans l’exposition How will it end ?
« Ils étaient nos pyramides d’Égypte. [… ] Leur constance me rassurait, leur apparition me réconfortait, je voyais en eux le sanctuaire païen qui veille sur la ville. Les silos détruits, tout devenait possible, rien n’empêcherait plus Beyrouth de sombrer dans les ténèbres. »
Le 4 août 2020, à 18 h 07, une gigantesque explosion souffle silos, port et centre-ville de la capitale libanaise. En France, Lamia Ziadé reçoit d’abord un texto troublant (« C’est une malédiction, ton pauvre pays ! ») avant de percevoir une activité inhabituelle sur le WhatsApp familial et de découvrir le désastre. Morts par centaines, blessés par milliers, sans-abri par centaines de milliers. Et des photos, des vidéos qui ne cessent d’apparaître sur Internet. Un traumatisme collectif en boucle. Dès le lendemain, Le Monde la sollicite pour traiter l’événement, à chaud. Elle qui a su construire une voix singulière pour dire et montrer la guerre du Liban (Bye Bye Babylone), l’âge d’or puis celui des destructions au Proche-Orient (Ô Nuit, Ô mes Yeux) et un siècle au Proche-Orient (Ma très grande mélancolie arabe) ne se sent pas de dire l’horreur immédiate. « J’ai commencé par refuser, parce que je m’attaque à des sujets vieux de trente ans minimum ! Et puis nous étions tous si mal… Mais, deux jours après l’explosion, j’ai compris que je ne pouvais pas dire non. Moi qui étais à Paris, inutile, ça, justement, je pouvais le faire. Pas un reportage, mais un travail dont ma place, loin de Beyrouth, fait partie.» En un mois, elle réalise quinze pages pour le quotidien. Et c’est son éditeur qui la pousse à continuer.