L’exposition Ekphrasis, dont le commissaire est Bruno Corà, directeur de la Fondation Burri en Italie, réunissait les pièces de plus de quarante artistes venus du monde entier, dont les styles sont aussi variés que les médiums, mais dont l’utilisation du langage dans l’œuvre est une expression privilégiée.

La définition de l’ekphrasis est une description élogieuse et construite d’une œuvre d’art, réelle ou fictive, souvent conçue sur un modèle pour parvenir à une grande puissance d’évocation. La première ekphrasis célèbre remonte à l’Antiquité grecque : c’est la description faite par Homère du bouclier d’Achille dans l’Iliade. L’arme a été forgée par Héphaïstos pour que « tous soient émerveillés ».

Si l’exercice rhétorique de l’ekphrasis se présente sous les couleurs d’une antique pratique, l’expression du genre a néanmoins été utilisée à toutes les époques avec une remarquable continuité. Et de nombreux écrivains célèbres ont exploré le genre. Réciproquement, de nombreux artistes ont aussi été inspirés à la lecture des ekphrasis, à l’instar de Botticelli, qui réalisera une toile à partir d’une description ancienne.

De fait, il existe une grande tradition d’artistes qui se préoccupent autant des arts visuels que de littérature, de poésie ou de politique, et pour qui le langage est un élément constitutif de l’œuvre. L’exposition explorait au travers des artistes contemporains réunis ici les problématiques soulevées et modes de prédilection variées de l’usage du langage dans l’œuvre.

Certains artistes présentés dans l’exposition utilisent le langage comme une écriture à charge, à l’image de Shirin Neshat, Barbara Kruger ou Jenny Holzer. D’autres, à l’instar du collectif Art & Language, de Tracey Emin ou Boetti envoie au spectateur des messages personnels. Enfin, la question du lisible et de l’illisible est notamment présente dans les œuvres de Marcel Broodthaers et Fred Eerdekens, dont l’utilisation des mots a également une place déterminante dans l’œuvre.

Trois pièces présentées dans Ekhprasis ont été conçues spécifiquement pour l’exposition : la sculpture suspendue à l’entrée de Nasser Al Salem, l’œuvre de Lawrence Weiner dans l’escalier, et des sculptures de Peter Downsbrough dans les salons et sur la terrasse, près de la piscine.

« Ekphrasis est en plein dans le mille. Inspirée par la politique, la religion et la culture,
et nourrie par la musique, la littérature et le cinéma, l’exposition réussit à montrer ce qu’est et peut être le langage au sein des arts visuels, quelles en sont les limites et les possibilités.
»

H Art, janvier 2020
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