Mondialité se concentrait sur Edouard Glissant et son appel inspirant pour un dialogue mondial qui n’efface pas les cultures locales. À l’heure actuelle, il est important de rappeler l’un des débats internationaux qui gravite autour du cosmopolitisme. Aujourd’hui, les forces homogénéisatrices de la mondialisation tendent vers des extinctions, à la fois à travers les dégradations environnementales et la disparition des phénomènes culturels. Cependant, refuser les forces de mondialisation implique le risque de revenir à des formes de néo-localisme et néonationalisme. Mettant en lumière un penseur clé de notre temps, l’exposition suggèrait l’importance d’une version nuancée du dialogue mondial.

Mondialité présentait des œuvres d’art visuelles et des environnements, des films documentaires et des chansons, des structures dramaturgiques et des matériaux d’archives. Elaborée dans la continuité des expositions expérimentales, Solaris Chronicles et A stroll though a fun palace, organisées par Obrist en collaboration avec Raza, l’exposition se développait dans le temps ainsi qu’à travers l’espace. Mondialité avait pour but de faire entrer en contact les visiteurs avec les pensées de Glissant et réveiller l’urgence d’un retour à une forme relationnelle de la perception et de la pensée. L’exposition s’est déroulée à la Villa Empain, un monument chargé d’histoire. Cette Villa Art déco construite en 1932 par Louis Empain, occupée par l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, a également servi de siège à l’ambassade d’URSS dans les années 60, de station de télévision dans les années 80, de squat qui a accueilli un spectacle de Mike Kelley dans les années 90, avant d’être restaurée par la Fondation Boghossian qui en a fait un Centre d’art et de dialogue entre les cultures d’Orient et d’Occident.

Pour l’ouvrage Mondialité; Ou les archipels d’Edouard Glissant, des artistes et penseurs ont été invités à explorer les concepts-clés d’Edouard Glissant tels que la pensée du tremblement, la créolisation et l’opacité, au travers de textes et d’images. Parmi les contributeurs nous retrouvons : Sophia Al-Maria, K. Anthony Appiah, Philippe Artières, Patrick Chamoiseau, Manthia Diawara, Bruno Latour, Fred Moten, Molly Nesbit, Hans Ulrich Obrist, Asad Raza, Sappho, Justin E.H. Smith et Gayatri Spivak.

Parallèlement à l’exposition, un programme live comportant des événements chorégraphiques et discursifs, a été inauguré lors de l’ouverture par Obrist et Raza qui ont convié une sélection d’artistes pour des interviews et des performances. Le programme incluait notamment : atopia, Monira Al Qadiri, Jacques Coursil, Nikima Jagudajev, Justin Kennedy, Will Rawls, Eszter Salamon et Mårten Spångberg. Il s’est clôturé lors d’une journée intitulée Mondialité : Readings le samedi 9 septembre 2017.

L’exposition fut réalisée en collaboration et avec le soutien de Sylvie Sema Glissant et de l’Institut du Tout-Monde.

« Doublée d’un riche catalogue, l’exposition Mondialité, convoquant l’œuvre de ses amis
et des propositions plus actuelles, vise à réactiver une pensée des formes et des relations
dans le fragile interstice ouvert entre la globalisation et ses réactions.
»

L’Art Même, le 1 juillet 2017
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