En 1962, Robert Rauschenberg expérimente différentes techniques de gravure en utilisant des plaques d’impression de journaux. Dans le processus, il voit se fendre la pierre lithographique et appelle la lithographie qui en résulte Accident. S’inspirant de cette expérience, Répétition est conçue comme un système au travers duquel circulent, au sein de la Villa Empain, images, objets et corps. L’exposition esquisse la distribution des arts visuels par delà les barrières nationales et idéologiques, avec une attention particulière accordée au pouvoir du hasard.

Une sélection d’œuvres issues du Centre International des Arts Graphiques de Ljubljana et de la Galerie moderne fut montrée en Belgique pour la première fois. Celle-ci a été réalisée par l’artiste Giles Round, incluant notamment la lithographie de Robert Rauschenberg. Aux côtés d’autres travaux de Sophia Al-Maria, Becky Beasley, Will Benedict, Andrea Büttner, Shannon Ebner, Konstantin Grcic, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Sanya Kantarovsky, Heinz Peter Knes, David Maljkovic, Radenko Milak, Anna Ostoya et Roman Uranjek, la collection était régulièrement déplacée par les hôtes de l’exposition, occasionnant collisions et autres juxtapositions inattendues.

Les œuvres en mouvement voyageaient au sein d’une mise en scène présentant des sculptures et séquences audiovisuelles. Ainsi les travaux d’Abbas Akhavan, Nairy Baghramian, castillo/corrales, Mike Cooter, Dexter/Sinister, Latifa Echakhch, Deanna Havas, Ištvan Išt Huzjan, Hilary Lloyd, Jumana Manna, Otobong Nkanga, Lydia Ourahmane, Zin Taylor et Erika Vogt élargissaient l’éventail d’expériences sensorielles proposées par l’exposition. A ces œuvres se sont joint des travaux spécialement réalisés pour l’occasion: Giles Round a conçu des éléments scénographiques tels qu’une bibliothèque et des dispositifs sculpturaux, Mariana Telleria s’est appropriée le thème de l’accident pour créer un chandelier qui trône dans l’atrium de la Villa, Rirkrit Tiravanija a créé une œuvre en imprimant sur l’un des formats les plus emblématiques combinant le texte et l’image – la presse quotidienne.

Répétition accueillait également un projet parallèle : s’insinuant épisodiquement dans l’exposition, le chorégraphe Andros Zins-Browne a présenté Already Unmade, une nouvelle performance conçue spécialement pour la Villa Empain. Inversant l’ordre habituel, Andros Zins-Browne commença par la fin de ses partitions chorégraphiques, avant de les soumettre à un processus de déconstruction.

Le transfert d’une œuvre d’art de l’atelier vers l’espace d’exposition est un processus permettant la réception de celle-ci par un public, l’arrachant en ce faisant du contexte vivant duquel elle est issue. Cette exposition s’efforçait, non de reproduire l’atelier dans le musée, mais de créer un contexte vivant au sein duquel les œuvres pouvaient circuler, apportant un souffle de renouvellement permanent au sein de la Villa Empain.

« (il n’est) pas évident d’opérer un grand renversement quand tout l’héritage culturel en matière d’arts plastiques est dominé par la passivité et la soumission. On peut compter sur Raza pour changer cela. »

Focus Le Vif, 16 mai 2016
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