Sarkis avec Paradjanov
24 septembre 2015 › 31 janvier 2016
Dans le cadre de la commémoration, en 2015, du Centenaire du génocide des Arméniens, la Fondation Boghossian présentait une exposition-rencontre de deux artistes majeurs de la culture arménienne contemporaine.
Né en 1938 à Istanbul, Sarkis étudie le français, la peinture et l’architecture intérieure avant de s’installer à Paris en 1964. En 1969, il est invité par le critique Harald Szeemann à participer à l’exposition désormais célèbre Quand les attitudes deviennent formes. La transmission et l’enseignement sont également au cœur de ses préoccupations. Depuis les années 1980, cet artiste qui œuvre entre sculpture, peinture, installations, photographie et cinéma, s’est imposé sur la scène internationale par un univers plastique frappant, le rapprochement d’objets tirés de différentes cultures, qui interrogent la mémoire en nouant politique et poétique. En 2015, il est l’artiste invité à représenter le Pavillon de la Turquie avec Respiro, et participe à l’exposition Armenity au Pavillon de l’Arménie pour la 56ème édition de la Biennale de Venise. Il expose également à la 14ème édition de la Biennale d’Istanbul.
Considéré comme un des cinéastes majeurs du cinéma moderne, Sergueï Paradjanov, né en 1924, s’est fait connaître en 1964 par son film Les Chevaux de feu. Mais c’est Sayat Nova, réalisé en 1968, consacré à la vie du poète arménien, qui affirme de manière éclatante son écriture personnelle, poétique et allégorique, d’une beauté visuelle sidérante. Ce film qui échappe aux canons de l’art officiel ne bénéficiera pas d’une distribution sur l’ensemble du territoire soviétique, et Paradjanov sera emprisonné dans un camp à « régime sévère » de 1973 à 1977, suscitant une mobilisation internationale dans les milieux artistiques. Dès ses années de prison, il réalise une œuvre plastique singulière, composée de collages, de boîtes, de poupées, de chapeaux, à la manière, dit-il, de « films condensés ». L’essentiel de sa production est désormais conservé dans le musée qui lui est consacré à Erevan (Arménie). Il tournera encore deux films : La Légende de la forteresse de Souram (1985) et Achik Kérib (1988), inspirés de la diversité ethnique et culturelle du Caucase. Il s’éteint en 1990 lors du tournage du film Confession.
Sarkis a conçu pour la Villa Empain, en guise d’hommage, un vis-à-vis inédit de leurs œuvres respectives.
L’ensemble des œuvres de Paradjanov, présentées pour la première fois en Belgique à l’occasion de cette exposition, provenaient du Musée Paradjanov de Erevan (Arménie).
Sarkis est représenté par la Galerie Nathalie Obadia (Paris et Bruxelles) qui contribue généreusement à la réalisation de cette exposition.
« Une rencontre qui semble née d’un dialogue permanent entre Sarkis et Paradjanov. Deux artistes qui pourtant ne se sont jamais rencontrés (…) La réussite de ce dialogue rêvé n’en est que plus belle. »
Le Soir, 15 janvier 2016








