Orné d’arbres centenaires et de sculptures contemporaines, le jardin de la Villa Empain se distingue par son immense piscine entourée d’une pergola ovale, unique à Bruxelles.
Le jardin
L'histoire
Au début du XXe siècle, les acquéreurs d’un terrain situé le long de l’avenue des Nations – aujourd’hui avenue Franklin Roosevelt – étaient tenus à un cahier des charges qui stipulait une zone de recul de 9,50 mètres pour les constructions, aménagée en jardins d’agrément et dont les plantations ne pouvaient dépasser 1,50 mètres. Les parcelles devaient être entourées d’un grillage ‘artistique’ d’une hauteur de moins de 1,80 mètres, reposant sur un soubassement de pierre. Par ailleurs, les constructions devaient garantir entre elles des espaces suffisants pour permettre d’admirer en perspective les frondaisons du Bois de la Cambre.
Pièce phare du jardin, la piscine, une des premières privées en Belgique, a été conçue par l’architecte Michel Polak comme un miroir d’eau reflétant la façade arrière de la maison. Avec une contenance de 500 mètres cubes et une profondeur de 3,80 mètres, elle est considérée comme l’une des plus grandes et des plus modernes à l’époque de sa construction. Elle a été entièrement reconstruite lors de la restauration du bâtiment. Autour de la piscine, une pergola abrite un sol en mosaïques dont les couleurs et le motif évoquent les climats du Sud.
Les arbres d’origine sont un if, deux prunus et deux cèdres du Liban situés à l’arrière de la Villa. Les dimensions imposantes d’un de ces cèdres planté durant les années 1930 le classent parmi les vingt plus grands cèdres de la région bruxelloise. L’élégante rangée de sapins alignés le long de la clôture Est de la propriété date également de l’époque de la construction de la Villa.
Recouvrant la pergola qui entoure la piscine, une imposante glycine dont les pieds ont été plantés derrière chaque pilier, pourrait aussi dater des années 1930. Ces pieds ont été conservés et permettent la repousse des tiges secondaires qui ont été coupées lors des restaurations successives de la pergola.


Les sculptures contemporaines
Des sculptures contemporaines de la collection de la Fondation Boghossian agrémentent le jardin. Sous la pergola, à l’arrière de la piscine, repose une sculpture en granit noir de l’artiste égyptien d’origine arménienne Armen Agop (1969). À l’avant de la piscine, deux sculptures en acier corten (acier auto-patiné utilisé pour sa résistance aux conditions atmosphériques) ont été réalisées pour la Villa Empain par l’artiste et poète belge Johan Baudart (1961).
Sur le côté de la piscine, le jardin est orné de plusieurs sculptures contemporaines signées par l’artiste belge Hubert Verbruggen (1944). Les formes simples et puissantes réalisées en pierre de Vinalmont par l’artiste belge Damien Moreau (1966) contrastent avec les fleurs et insectes de la série Ideal Nature Machine (2012) conçus par l’artiste autrichien Stefan Waibel, qui évoquent un monde irréel.
Avenue Franklin Roosevelt, Spaces in-between, la sculpture de l’artiste libanais Nadim Karam fait face de la Villa Empain. Inaugurée en 2019, l’installation est le fruit d’une initiative conjointe de la Fondation Boghossian et de la Ville de Bruxelles. Leur volonté commune d’intégrer l’art au paysage urbain fait écho au désir de l’artiste libanais Nadim Karam de « faire rêver les villes », en réponse à la guerre qu’il a connue.
« Pour moi, créer un projet d’art urbain revient à communiquer avec l’essence même de la ville et mieux comprendre ses habitants, sa culture et sa dynamique. J’essaye de projeter un rêve pour la ville qui ne se concrétise qu’une fois que la ville et ses habitants commencent à s’impliquer et à travailler avec moi. »
La sculpture livre une réflexion sur la relation entre Orient et Occident, dénominations qui évoquent souvent une tension entre deux zones géographiques, ainsi que des identités distinctes et des visions du monde contradictoires.
Le but des deux sculptures en acier inoxydable d’un diamètre de trois mètres est de visualiser les vides sur les cartes de la communication, les frontières floues entre l’Est et l’Ouest et leurs contours incertains. Face à face, ces deux surfaces déclenchent un dialogue historique qui se croise en de nombreux endroits mais qui contient également des brèches. L’autre côté de chacune des sculptures est entièrement perforé par une rangée de trous circulaires de 1 cm pour permettre à la lumière de s’infiltrer, offrant une meilleure visibilité des motifs. Elles offrent aux spectateurs la possibilité d’imaginer et de retracer les fluctuations des frontières socio-culturelles et géographiques. Lorsqu’on se tient entre les deux éléments, la réflexion de l’un ou de l’autre crée une surface structurée et entièrement perforée de souvenirs.

