Le projet

La Fondation Boghossian présente L’invitation au voyage, une invitation à la promenade, à la contemplation et à l’interaction avec des œuvres d’art contemporains. Située à quelques pas de la Villa Empain, l’installation de six œuvres monumentales dans le Bois de la Cambre a été conçue pour proposer un parcours qui invite le public, dans un périmètre réduit, le temps d’une année, à découvrir les nombreuses façons par lesquelles les artistes réinventent le paysage.

La création d’un parcours de sculptures au Bois de la Cambre est un projet de la Fondation Boghossian. Toutes les pièces présentées, ont été spécifiquement conçues, produites ou acquises par la Fondation Boghossian pour L’invitation au voyage. Le projet a été réalisé en concertation avec Urban.Brussels et la Ville de Bruxelles pour la durée d’une année. La Fondation Boghossian les remercie de leur soutien et de leur engagement.

  1. Thierry Bontridder
  2. Samar Mogharbel (en restauration)
  3. Léopoldine Roux
  4. Ara Alekyan
  5. Jiana Kim
  6. Kaz Shirane

Thierry Bontridder

Thierry Bontridder (Belgique, 1956) est un sculpteur et créateur de bijoux contemporains belge, son travail est marqué par une prédilection pour le mouvement et la lumière. Tel un ingénieur il assemble avec une maîtrise technique remarquable les matériaux les plus robustes tel le cuivre, le titane et l’acier.

Pli #75 (2015) s’inscrit dans la suite de la série Plissements née de la recherche d’une œuvre dont la forme et la structure peuvent être saisies quel que soit le point de vue. Cette quête a poussé l’artiste à explorer les possibilités qu’offre la spirale. Omniprésente dans la nature, elle se retrouve à toutes les échelles du vivant et du monde physique, que ce soit dans la coquille d’un escargot, la structure d’une pomme de pin ou l’agencement de certaines galaxies. Cette sculpture monumentale, composée de matériaux lourds et bien ancrée dans le sol du bois de la Cambre semble défier les lois de la gravitation. Tel un tourbillon sphérique l’œuvre retranscrit le mouvement circulaire de la spirale sortant du point originel, l’entretien et le prolonge à l’infini. La forme abstraite, harmonieuse et épurée de cette sculpture monumentale, une fois placée dans l’orbite du regard, parle d’envol, de montée et de vitalité.

Thierry Bontridder s’est vu allouer le Prix Egide Rombaux de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Belgique en 2001 et a été lauréat du Village of Hamburg Sculpture Competition aux Etats-Unis.

Samar Mogharbel

En restauration.

Samar Mogharbel (Liban, 1958) est une artiste plasticienne Libanaise. Une grande partie de son travail est orientée vers la retranscription  des souvenirs émotionnels de la guerre et des événements qui agitent son pays. Elle travaille principalement l’argile qu’elle considère comme une clé de compréhension du monde et de la vie elle-même.

Art de Triomphe (2022) puise son inspiration dans une série réalisée par l’artiste en 2020. Cette série de miniatures en céramique représente des tuyaux d’échappement pliés au point d’être méconnaissables. Initiée en 2020, année tragique s’il en est pour le Liban, cette série explore le thème de l’épuisement à travers une double revendication. D’une part, ces pots d’échappement déformés représentent l’effondrement d’un système qui traite et élimine les déchets. D’autre part ils soulignent la fatigue et l’épuisement de la vie dans le sillage de crises permanentes, et signalent allégoriquement  l’incapacité à travailler sur le traumatisme dans un environnement sujet à des crises multiples. Pour réaliser cette version à grande échelle, Mogharbel a utilisé une imprimante 3D afin de créer une version en polystyrène inspirée d’un modèle réduit en céramique.

Samar Mogharbel a reçu plusieurs prix pour son travail dont le premier prix au Salon d’automne du Musée Sursock à Beyrouth en 2006. Elle enseigne la céramique à l’Université libanaise américaine de Beyrouth depuis 1983.

Léopoldine Roux

Léopoldine Roux (France, 1979) vit et travaille à Bruxelles depuis 2003. Diplômée de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Rennes et de L’ENSAV La Cambre. Dans son travail l’artiste explore l’éventail des possibilités et par l’utilisation de supports non-conventionnels la couleur se fait matière et devient éminemment tactile, la couleur s’affranchit et gagne en autonomie.

Rainbow Seeds (2022) est une rencontre entre l’immuable et son avatar, le solide, le plein et l’intouchable, le lourd et le soufflé…  Les pierres peintes sont là, de toute éternité, par-delà vents et saisons, leur temps est arrêté. Nées de sédimentations lointaines elles exorcisent les altérations de la matière, criant au ciel et aux éléments que la vie est passage. Devenues graines d’arc en ciel elles courent jusqu’à l’eau, tel un ultime veilleur, à qui l’on confie l’impossible mirage. L’œuvre prodigue force, calme et unité à l’observateur. La pierre se fait graine et invite à regarder la vie avec des yeux d’enfants comme le préconisait Matisse. Tout est une question d’échelle et de perspective. Parmi nous, un dédale de pierres solitaires, monolithes et colorées dessinent une ritournelle enchantée. On devine l’idée. Qu’importe. La pierre flirte avec le rêve et l’immatériel. Un arc en ciel se dessine dans nos têtes.

Le travail de Léopoldine Roux fait partie de nombreuses collections publiques comme privées, dont la Fédération Wallonie Bruxelles ou encore la Banque Nationale du Luxembourg.

Ara Alekyan

Ara Alekyan (Arménie, 1959) est un sculpteur dont la pratique a été profondément chamboulée par le tremblement de terre qui a dévasté son pays en 1988. Le choc qu’il a subi ce jour-là, tant émotionnel que visuel l’a poussé à puiser dans les piles de déchets métalliques nés de la destruction de sa patrie pour recréer.

Horse (2012) évoque avec habileté la fougue et la puissance de l’animal grâce à des détails mécaniques pertinents telle l’utilisation de grands et petits ressorts rappelant la tension de l’animal prêt à se lancer dans une course sans fin. La sculpture bien que monumentale est toute en légèreté et joue sur la transparence. Le regard vogue d’une pièce de métal à une autre en s’arrêtant sur un interstice de vide, une composition dont la précision et la finesse ne manqueront pas de rappeler le mécanisme d’une horloge. Le placement de chaque élément a été murement réfléchi et cherche à transposer dans le métal le caractère et l’humeur des animaux-modèles. Lorsqu’une œuvre est terminée, l’artiste l’enveloppe dans du papier qu’il enflamme, révélant ainsi son œuvre par le feu. Ce procédé lui permet de mettre en évidence le feu, l’élément central, clé de la création qui lui permet d’assembler les pièces métalliques disparates en sculptures.

Les œuvres d’Ara Alekyan ont intégré des collections privées, musées, lieux publics et parcs en Arménie, aux Etats-Unis, en Italie, en Russie et en Belgique.

Jiana Kim

Jiana Kim (Corée du Sud, 1972) a obtenu un doctorat en artisanat et design à Séoul avant de terminer sa formation artistique aux États-Unis. Captivée par les possibilités infinies qu’offre l’argile l’artiste a fait de la porcelaine son moyen d’expression privilégié. Sa technique se prête à de nombreuses variations dans des compositions hybrides, qui jouent avec la texture via un langage commun à la sculpture et à la peinture.

Bridge (2022) est composée de panneaux d’acier corten droits et épais qui s’appuient les uns sur les autres, se soutenant mutuellement.  La forme née de ce montage rappelle les hiéroglyphes du caractère chinois humain 人. Posés par-dessus, des tuiles de céramique, combinaison d’eau, de feu, d’air et de terre, sur lesquels sont représentés des éléments empruntés à l’humanité (livres, langues, biens de consommation courante,…). Tous ces éléments rassemblés en un pont infranchissable racontent une histoire, celle de la civilisation. Bridge parle du monde, du passé, du présent et de l’avenir, des grands changements auxquels l’humanité doit faire face. Pont infranchissable en l’état, l’œuvre rappelle une vérité inconfortable et évoque un avenir difficile, tel une invitation à réinventer le futur.

Jiana Kim a participé au programme de résidence de la Fondation Boghossian en 2019.

Kaz Shirane

Kaz Shirane (Japon, 1981), de son vrai nom Masakazu Shirane, est un artiste japonais. Formé en architecture, il débute sa carrière dans différents bureaux d’architectes à Tokyo, Londres, Shanghai et se spécialise rapidement dans le design et la conception de décors tridimensionnels jouant de la lumière à l’aide de miroirs. Ses dispositifs, véritables kaléidoscopes grandeur nature, invitent le visiteur à s’immerger dans un décor visuel.

Ensō (2022), la sculpture réalisée par Kaz Shirane pour L’Invitation au voyage est composée de trois bandes de métal pliées en triangles et tordues pour former un grand cercle. Réalisée en acier inoxydable lourd avec une finition miroir, l’imposante structure crée une impression de transparence en reflétant le paysage environnant du Bois de la Cambre. Faisant corps avec son environnement, l’œuvre d’art en constante évolution se transforme du lever au coucher du soleil et au fil des saisons. Cette œuvre s’inspire de deux principes orientaux : le symbole Zen ensō et le concept du Yin et du Yang. Dans le zen, l’ensō est un cercle dessiné d’un seul trait, sans point de départ ni d’arrivée. Le cercle est censé représenter l’infini, tandis que le Yin et le Yang se complètent pour former un tout, au-delà duquel un nouveau monde dynamique peut être créé. Alors que l’urgence de la pandémie de Covid-19 relâche son emprise sur la population mondiale, l’œuvre d’art apparaît comme une passerelle symbolique vers un nouveau monde et une invitation à aller de l’avant.

Kaz Shirane a exposé ses créations aux Etats-Unis, en Chine, en Australie, au Japon, à Singapour et aux Emirats arabes unis, il a également été lauréat de plusieurs prix en matière de design intérieur.