En 2014, en commémoration du centenaire du génocide Arménien, le Musée de la Photographie de Charleroi présentait une exposition de photos provenant majoritairement des collections de la Bibliothèque orientale de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, dont la photothèque est d’une remarquable richesse historique.

Le samedi 24 avril 1915, à Constantinople, capitale de l’Empire ottoman, sept cents notables et intellectuels arméniens sont arrêtés et assassinés sur ordre du gouvernement jeune-turc. Cette date marque le début d’un vaste programme de déportation et d’extermination d’un peuple intégré depuis des siècles avec d’autres communautés dans l’Empire ottoman. Le premier génocide du XXe siècle coûtera la vie à près d’un million trois cent mille Arméniens et laissera des milliers de réfugiés et d’orphelins éparpillés en Europe et au Proche-Orient.

Peu d’images sont connues des horreurs de ces massacres. Mais, des photographies de ruines, de déportés ou d’orphelins dans les centres de réfugiés d’Alep ou de Beyrouth ont été collectées par des missionnaires jésuites présents dans cette partie du monde dès 1881 ou prises directement par les principaux concernés. Certains de ces Jésuites se révélèrent photographes de talent, tels Antoine Poidebard (1878-1955) ou Guillaume de Jerphanion (1877-1948). Si certaines de ces photographies ont parfois été reproduites, l’exposition Les Arméniens. Images d’un destin permet à la majorité des clichés qui la composent de sortir pour la première fois des collections de la Bibliothèque orientale de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth.

Près de cent photographies constituaient cette exposition. Il s’agissait soit d’épreuves originales, soit de tirages réalisés à partir des négatifs par le laboratoire du Musée de la Photographie à Charleroi.

Si l’exposition Les Arméniens. Images d’un destin résonne malheureusement comme un effroyable écho de l’actualité du Proche-Orient, son propos n’était pas de témoigner de la tragédie même du massacre des Arméniens, mais bien de ses conséquences. Elle permettait en outre de mettre un visage sur ce peuple, de découvrir leurs conditions de vie avant 1915 et leurs tentatives de reconstruction dans l’exil, dans les camps ou les écoles.

Cette exposition fut le fruit d’une collaboration entre la Photothèque de la Bibliothèque Orientale de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, la Fondation Boghossian et le Musée de la Photographie à Charleroi, dans le cadre du mécénat de la Fondation Boghossian consacré au développement de cette photothèque visant à la préservation des collections photographiques de la Bibliothèque Orientale, sur les conseils du Musée de la Photographie à Charleroi.